On ne sait plus
On ne sait plus quand on est grand On ne sait plus prendre le temps De se croire avec les oiseaux Et de s’amuser tout là-haut On ne sait plus quand on est grand On ne sait plus suivre le vent Sur les nuages se poser Boire aux mirages, émerveillé
On ne voit plus quand on est grand La mer avec les yeux d’avant Les châteaux de sable écroulés Les larmes et l’écume mêlées On ne voit plus quand on est grand Les moutons blancs, les cerfs-volants Qui se poursuivent à l’infini Et s’évanouissent dans la nuit
On ne veut plus quand on est grand Ou seulement de temps en temps Écouter le grillon chanter Se rouler dans l’herbe des prés On ne veut plus quand on est grand On ne veut plus perdre son temps A nager dans la voie lactée Prés des étoiles se cacher
On ne croit plus quand on est grand Que des lutins s’en vont dansant Dans les jardins, jusqu’à minuit Au clair de la lune jolie On ne croit plus quand on est grand On ne croit plus tout simplement Quand il est tard, au coin d’un bar Au marchand de sable, le soir
On n’ose plus quand on est grand Montrer de trop beaux sentiments On est très fort, on a d’ailleurs Beaucoup trop peur d’avoir du cœur On n’ose plus quand on est grand Etre vraiment compatissant Tendre la main pour un pardon Avouer qu’on a mal pour de bon
Cherche l’enfant qui dort en toi Il n’est pas mort, si tu y crois Regarde avec lui l’avenir Sans regret pour tes souvenirs Respire le moment présent Libre comme la fleur des champs Cherche l’enfant qui dort en toi Retrouve-le et tu vivras…
Jean Briffaud (CD Chantevie) (Poème paru dans La Flamme n°88)
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