Fin d’été
C’était vers la fin de l’été
au cœur de Nouvelle Amsterdam,
elle semblait douce la journée,
pour des milliers d’hommes et de femmes
de la ville qui ne dort jamais...
Et sur le bleu de Manhattan,
les goélands riaient dans le vent.
Et puis, ils ont fixé les cieux :
quel est donc ce bourdonnement ?
C’était comme un pressentiment...
Alors... les beaux oiseaux de feu
tour à tour ont défiguré
les deux plus grandes tours d’argent...
Et l’air est devenu sanglant,
la stupeur leur brûlait les yeux.
Mon Dieu ! ce n’était pas un jeu...
Quand elles se sont écroulées
dans un ouragan de poussière
elles ont écrasé des prières
et des courages anonymes,
volé quelques « je t’aime » ultimes...
Envolé le symbole envié
de puissance et de liberté !
Soudain, ils se sont relevés
avec la bannière étoilée,
la rage et la vengeance au poing !
Et nous avons revu leurs cris,
l’insoutenable tragédie
nous a changés en justiciers :
ils ont osé, ces assassins !
ils nous ont défiés, ces méchants !
Le monde entier montrait les dents...
Plutôt que de nous entretuer
faisons la guerre à la misère
à grands coups de fraternité...
Si nous nous battons pour le Droit,
si nous vivons la Tolérance,
nous entrerons bien moins en transes
chaque fois qu’un furieux aboie !
Assez de faisceaux, de faucilles,
assez de marteaux, de missiles
de dollars et de turbans noirs !
Ah ! Vouloir laver nos mémoires :
bannir la Croisade, la Question
le Djihad, et l’Inquisition...
Pouvoir aussi, tout simplement,
ranger nos propos venimeux,
ou comme l’a dit ce Croyant :
pleurer sur l’épaule de Dieu...
Jean Briffaud (CD Chantevie)
(Poème paru sur La Flamme n° 87)
