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ENFANT de la TERRE
Combien je l'aimais
mon pays de musique et de miel
où je volais la vie à pleines mains, à belles dents !
Dans les nuits frissonnantes
de murmures et d'appels,
je rêvais de riantes cueillettes,
de légendes accrochées aux ravines
de chasses éperdues, de clairières secrètes ;
Je rêvais de danses inachevées
Mémoire des génies aux couleurs terre et ciel...
Soudain, déferlèrent des orages barbares
sur mon pays de musique et de miel.
Des guerriers sans visage ont entraîné mon noble père
sur des sentiers de braises.
Près du vieux baobab épuisé de soleil,
ils ont profané ma mère, si douce et féconde.
Ô tendre gazelle affolée
me poursuit ta longue plainte sur leur autel maudit…
... Sur mon chemin d'épines,
des ombres lugubres hantent ma solitude...
L'aube blanchit aux confins des étoiles
qui s'éteignent, une à une ;
Pas une colombe au firmament pâle
Pas une main tendue à mon ultime angoisse...
Déjà me guettent les rapaces.
À mon flanc déchiré s'épanouit une fleur
immense et pourpre...
J'avais rêvé une Terre de musique et de miel...
Marguerite MACHICOANE
Poème paru dans La Flamme n° 59 de 1999
et n° 121 de 2014
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