Alors, embarque-toi
Fais que l’année fanée s’ancre dans le silence, Attache ton passé à la course du temps ; Ou sombre ou délicieux, qu’il s’envole ou s’élance, Très loin de tes regrets, au soleil du présent.
Alors, embarque-toi sur les mois qui défilent, Que ton âme lucide ignore le naufrage Des conquérants repus, des courtisans serviles Qui se courbent bien bas, sans le moindre courage.
Regarde l’arbrisseau qui plie sous la tourmente, Ou l’oiseau qui se joue des caprices du vent ; Ainsi redresse-toi, si forte soit la pente, Si violente l’absence, ou l’horizon si grand.
Élève ta pensée au-dessus des murmures, Recherche le refuge et la leçon de vie : Tout s’éteint, tout renaît, au sein de la Nature. Enchante-toi l’esprit de cette symphonie.
Et l’année effeuillée, recense tes victoires, Mais aussi tes refus, tes revers, tes douleurs ; Qu’ils deviennent tremplins, au lieu d’être butoirs, Que l’on garde de toi ta richesse de cœur.
Jean Briffaud (Poème paru dans La Flamme n° 110
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