La journée du vannier
La journée du vannier est journée de plaisir. D’un coup d’œil Choisir la tige et l’évaluer Apprécier sa solidité et sa docilité Se laisser guider par le rouge le jaune ou le brun de l’osier L’ambre le mordoré ou l’obscurité du châtaignier Suivre les volutes fines qui du couteau s’échappent Et s’amassent sous les pieds. Entre index et pouce Sentir la vie du bois Reconnaître la juste texture Et plier la tige entre douceur et fermeté Enfin au moment le plus précis Se décider vigoureusement à la courber. À travers les bruits de l’atelier Écouter le bruit du couteau qui racle Le coup franc du marteau qui pointe L’osier qui doucement se plie et frémit Et redouter la plainte du brin qui se rebiffe Et soudain se brise. À la porte du four Humer l’odeur du bois qu’aux braises on a confié L’écorce qui grésille et livre son âcre sève La sueur de la branche qu’il faut peler Et se laisser imprégner des relents de fumées Et labeur mêlés. À la pause de mi-journée Goûter les petits vins et le repas partagé Recettes anciennes ou nouvelles Traditionnelles ou personnelles Recettes exotiques ou typiques Toujours à saveur unique. Et surtout ce jour-là, Apprécier le goût de la rencontre, Dans toute sa diversité Et sa simplicité !
Marie-Thé BLUTEAU (Poème paru dans La Flamme n° 109)
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