Un retour attendu
Papa est revenu. Dans la grande maison qu’on appelle prison, il était retenu.
Je n’ai jamais compris pourquoi aussi longtemps, aussi loin de maman, il a été conduit.
Mes amies me disaient : Mais as-tu un papa ? Pourquoi n’est-il pas là ? Et moi je me taisais.
Nous l’avons vu venir, l’allure fatiguée, le visage figé, et nous trois d’accourir.
Son pas s’est ralenti, mais maman souriant, et les mains tendant, il ne s’est pas enfui.
Ils se sont embrassés. Jamais je n’avais vu, jamais je n’aurais cru qu’on pouvait tant pleurer.
Mais c’était de la joie ! Et de ses deux bras puissants, Papa, en s’abaissant, saisit mon frère et moi.
Il nous a soulevés, tous les deux à la fois. Et n’ayant plus de voix, a donné ses baisers.
Pressés contre ses joues dont la barbe piquait, où les larmes coulaient, nous étions comme fous.
Oh ! Mon cœur bondissait, mes yeux étaient mouillés. Jamais je n’oublierai la joie qui m’inondait.
Maintenant, c’est juré : Plus de mauvais moments, c’est toujours le printemps, Papa est arrivé.
Marcel BOUTIN
(Poème paru dans La Flamme n°107)
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